Mirza MORIĆ : Le sculpteur sur le chemin de la Paix
Le sculpteur est debout, et fait face à cette pierre silencieuse,
D’un regard, il scrute cette matière encore muette,
Il esquisse une caresse pour faire frémir ses vibrations encore endormies,
Effleure cette surface si dure, cette énergie encore trop ralentie.
Le sculpteur s’efface pour faire confiance à la pierre, elle devient sa partenaire,
Il doit fouiller dans ce bloc de carrière, le message à faire naître,
Il faut réveiller ce génie enfermer dans cette carapace de marbre,
Jusqu’à réussir l’exploit de faire battre un cœur de pierre !
Le sculpteur doit façonner cette pierre, jusqu’à libérer sa destiné,
Il ne peut rien ajouter, juste faire jaillir des éclats pour la dévoiler,
Il doit buriner cette enveloppe, jusqu’à toucher au cœur,
Il donne la vie par soustraction, en laissant émerger ses émotions.
Le sculpteur fait l’inventaire de ses outils,
Il ne peut opposer que la patience à la dureté,
Et ne peut user que d’humilité, pour s’approcher de la vérité,
A coup de burin, il met en relief sa part d’ombre et de lumière.
Le sculpteur fait preuve de souplesse, car la justesse est de mise,
Il use de délicatesse, car l’erreur n’est pas permise,
Il martèle d’une main légère, pour éviter le geste de trop,
Il œuvre jusqu’à libérer la paix et la mettre en lumière.
De cette silhouette encore rugueuse, immobile et dense,
Il s’applique à marteler et graver, jusqu’à refléter une danse,
De cette chaire naissante, il lui vient des envies,
Il la cisèle et la polie patiemment, jusqu’à la réveiller et lui donner vie.
– Poème de Stéphane Vermot, architecte –